Et non, pas de photos du Carnaval de Marseille ni de la Massilia Cup en cette fin de chaud weekend… Malgré une actualité marseillaise plutôt fournie ces deux derniers jours, il m’a fallu consacrer le weekend à quelques activités d’ordre personnel, m’obligeant à fouiller parmi mes photos de ces derniers temps afin de trouver un sujet estival avec lequel clore cette magnifique semaine…
L’occasion de me remémorer une anecdote qui m’est arrivée il y a deux semaines, par un samedi après-midi ensoleillé, alors que j’envisageais d’effectuer – pour la première fois – la traversée du Vieux-Port à bord du Ferry Boat, fleuron technologique d’une flotte composée de lui seul, permettant de relier en moins de 5 minutes la place aux Huiles à l’Hôtel de Ville par voie maritime. Soit la traversée maritime la plus courte au monde.
Mais aussi très sûrement la traversée la plus incertaine du monde, puisque depuis que le Ferry Boat – qui se veut « exemplaire en termes de développement durable, d’autonomie, de capacité, de fiabilité, de confort et d’accessibilité pour les handicapés » – a pris la succession du César le 1er février 2010, les Marseillais n’ont jamais autant vu ce panneau « Arrêt technique » affiché sur les deux pontons d’embarquement, comme en témoigne la marseillaise Crystila.
Il faut dire que pour un million d’euros d’innovations technologiques, ce catamaran amphidrome est en réalité un véritable prototype, et qu’il n’a jamais réellement été, à ce titre, testé en conditions réelles face par exemple au Mistral, aux giboulées, … C’est ainsi que très (trop ?) régulièrement, l’équipe de maintenance doit faire face à des problèmes techniques, transformant ce qui devait être un message fort d’engagement pour la protection de l’eau en véritable gouffre financier pour le contribuable.
Mais là n’est pas vraiment le sujet, puisque l’anecdote dont je veux parler relate d’un jour où – surprise ! – le Ferry Boat était pleinement fonctionnel. Je me proposais alors de rejoindre la file d’attente pour embarquer et profiter du fait que j’étais armé ce jour là de mon appareil photo pour prendre quelques clichés depuis le milieu du Lacydon, pur moment marseillais en perspective. Un projet qui aura malheureusement avorté dans l’œuf, du fait d’une très mauvaise adéquation aux besoins des Marseillais, comme le souligne de nouveau Crystila :
[…] En fin de compte, ce moyen de transport coûteux n’est autre qu’un joujou à touristes visant à améliorer l’image de la municipalité. Car il est tout simplement inutilisable pour un marseillais normal, au vue des 30 à 40 minutes d’attente pour avoir l’extrême chance de monter à bord pour 4 minutes de traversée, là où il faut à peine 10 mn pour parcourir à pieds le même trajet… Oui, il faut bien le reconnaître, ces temps d’attente interminables sont aussi dus au nombre limité de passagers transportables par voyage. Là où le vieux « César » chargeait jusqu’à en couler, l’embarcation neuve n’accepte pas plus de 20 personnes par traversée « pour des raisons de sécurité » qu’ils nous disent alors qu’il a été conçu pour 45 passagers… De plus, ses horaires de (bureaux), heu excusez-moi, je voulais dire de navigation bizarres style fermeture à 17h sont difficilement conciliables pour en faire un moyen de transport urbain utilisable par sa population…
Des propos dont je ne peux qu’apprécier l’extrême justesse, puisque j’ai fait partie ce jour là de ces Marseillais qui auront connu la cuisante expérience de se faire « pointer » à l’embarquement sur le Ferry Boat, comme on se ferait pointer à l’entrée d’une discothèque. Mais pas question de « tenue correcte exigée » ou de « désolé, c’est une traversée privée » ; Non, la raison pour laquelle je me retrouvais soudainement repoussé alors que mon tour arrivait d’embarquer fut beaucoup plus terre à terre (sans jeu de mot) : « désolé c’est complet, et le bateau ne reviendra pas ».
Le temps que je comprenne le sens de cette dernière phrase et que je jette un œil à ma montre pour découvrir qu’il n’était que 17h, l’antipathique agente municipale était déjà retournée à bord du bateau, ayant pris soin de fermer l’accès au pont par cet écriteau écrit à la main dans un français plutôt approximatif : « STOP PLUS DE DÈPART ».
L’instant d’après le bateau s’éloignait, alors que j’essayais toujours de comprendre, estomaqué, pourquoi je n’avais pas pu embarquer. Annonçant une capacité de « 45 passagers, avec une zone réservée aux vélos, poussettes et fauteuils pour handicapés », c’était tout juste s’il venait d’embarquer trois familles et deux grands-mères… « Raisons de sécurité » ?!? Quand on sait que le Ferry Boat n’est même pas capable de faire face à une rafale de Mistral, on se demande si toute cette technologie vaut vraiment le coup et si la municipalité ne nous a pas mené en bateau… Un bateau sans véritable nom (soi-disant les Marseillais auraient opté pour l’appellation « Ferry Boat » ?!?) qui n’est devenu finalement qu’une vulgaire attraction touristique ayant volé l’âme et la mission du César… aux frais du contribuable !
Il ne me restait ainsi plus qu’à tourner les talons sur cette réflexion amère, et à entreprendre le tour du Vieux-Port à pied, en maugréant. Moi qui me faisais une joie à l’idée de vivre un pur instant marseillais, on peut dire que je n’ai pas été déçu du voyage !



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